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Homélie de la Journée nationale de la déportation - 5ème dimanche de Pâques
Homélie de la Journée nationale de la déportation - 5ème dimanche de Pâques
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 1165 mots

Homélie de la Journée nationale de la déportation - 5ème dimanche de Pâques

« Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »

 

Cette invitation de la première lettre de Saint Jean est plus que jamais actuelle, en ce dernier dimanche d’avril, choisi pour être la « Journée Nationale du Souvenir de la Déportation dans les camps de concentration du IIIème Reich ». Ce n’est pas une fête liturgique, cependant, il est cohérent d’en parler dans une Eglise, et nous allons voir ensemble pourquoi.

 

Quel sens peu bien avoir une telle journée ? Pourquoi vouloir se souvenir ?

La Shoah, l’Holocauste, est un évènement atroce de l’Histoire du monde. Ce n’est bien sûr pas cela que l’on commémore, mais les héros, victimes de la déportation. Cependant, à quelle fin ?

Il est toujours important dans nos vies, de se poser cette question : Pourquoi, en vue de quoi, poussés par quoi faisons-nous ceci ou cela ?

 

          Nous avons l’habitude d’entendre le fameux : « Plus jamais ça ! »

 

Il est évident que nous souhaitons que cela ne se reproduise pas.

Mais il ne suffit pas de dénoncer des atrocités, ou de les commémorer… quels moyens choisirons-nous pour que la vie triomphe contre le Mal et la Mort ?

 

Je crois que c’est l’Evangile d’aujourd’hui qui nous éclaire sur ce point :

« En dehors de Moi, nous dit Jésus, vous ne pouvez rien faire ». Rien, c’est-à-dire, rien de bon. Car ce que l’homme fait en voulant s’appuyer sur autre chose que sur le Dieu Trinitaire, cela tourne toujours au vinaigre. Les deux idéologies athées du XX° siècle : le Communisme, et le National-Socialisme dont l’abréviation est Nazisme, sont là pour témoigner que vouloir fonder une société sur l’athéisme n’a pour résultat qu’horreur et atrocité.

          Le seul moyen que nous ayons à portée de main et de cœur pour couper court à l’atrocité et à l’horreur, c’est le Pardon.

 

« Ne soulage pas tes sentiments par la haine, ne cherche pas à être vengée car si tu as donné à ta peine l’espace que sa douce origine demande, alors tu pourras dire en vérité : la vie est si belle et si riche qu’elle te donne envie de croire en Dieu. » Ecrivait une jeune femme juive, Etty Hillesum, avant de mourir à Auschwitz en novembre 1943.

 

Oui, le Pardon est la seule solution pour enrayer la machine de la Haine.

Une grande figure de la Résistance, et grande victime des atrocités nazies, nous donne l’exemple du pardon. Permettez-moi de vous raconter aujourd’hui son histoire qui est une magnifique leçon d’Evangile.

Il s’agit de la franco-suisse Maiti Girtanner. Jeune pianiste virtuose, elle fut capturée à Paris, à l’âge de 20 ans, pour actes de résistance. Elle a été transférée ici, chez nous, à Hendaye, dans une villa que la Gestapo avait réquisitionnée. Elle y fut finement torturée jusqu’en février 44, par un jeune médecin SS, âgé de seulement 26 ans. Il faisait sur elle et sur les autres prisonniers, des expériences scientifiques de destruction du système nerveux. Avant d’être trop abîmée, elle parla beaucoup avec son tortionnaire, témoignant auprès de lui de sa foi chrétienne. « J’ai toujours pensé, disait-elle, que le malheur était plus du côté du bourreau que du côté de la victime. » Dans une villa d’Hendaye plage, sous les yeux du médecin-bourreau, elle accompagnait ses camarades mourants, en leur parlant de l’amour de Dieu et de l’Eternité bienheureuse qui les attendait.

« J’avais compris, écrit-elle, que la Vérité est une Personne, Jésus Christ. Et cela me brûlait de transmettre et de proclamer cette vérité. ».

40 ans plus tard, en 1984, avec un corps brisé et une vie apparemment détruite, Maiti reçu un coup de téléphone de son ancien tortionnaire, lui-même atteint d’un cancer, et terrorisé face à sa mort prochaine. Il voulait venir la voir. Elle l’accueille chez elle, il s’assoit près du lit duquel, à cause de lui elle ne pouvait pas se lever, et il lui demande de l’aide. Serait-ce le monde à l’envers ? Non, c’est l’Evangile vécu.

Il lui demanda pardon, elle l’embrassa.

Ecoutez ce dialogue merveilleux :

  • « Mais qu’est-ce que je peux faire maintenant ? ».
  • Vous n’avez plus qu’à vivre que d’amour… donnez beaucoup d’amour autour de vous, ne soyez qu’amour pour les autres, et parlez à Dieu, balbutiez, Dieu habite toutes ses créatures, même les plus enténébrées… ».

 

Elle raconte tout dans un livre superbe, intitulé « même les bourreaux ont une âme »

Et voici ce que Maiti Girtanner dira du Pardon : "alors que je ne pouvais plus faire courir mes mains sur le clavier, j'ai compris que le pardon était une partition à 4 mains que l'on jouait avec le Seigneur."

Tout est dit : le pardon est une partition jouée avec le Seigneur.

Nous n’aimerons par des actes et en vérité qu’à la condition de jouer avec le Seigneur la partition de notre vie.

C’est cela que Jésus nous dit dans l’Evangile : « Je suis la vigne et vous les sarments ». Lequel d’entre nous se donne-t-il à lui-même l’existence ? Aucun ! Car la vie est un don. Et de même que pour donner la vie il faut l’avoir reçue, ainsi pour le pardon. Dieu nous donne Son Pardon, et nous ne pouvons pardonner en vérité que si nous le recevons. Car pardonner n’est pas un acte humain, mais divin. L’histoire de l’Humanité en témoigne. Sans christianisme vécu saintement, il n’y a que mort et horreur.

Tout est à portée de main et de cœur. Les prêtres sont là pour donner la vie de Dieu par les sacrements.

 

          Pendant cette Messe, prions pour les victimes et pour les bourreaux. Demandons à Dieu, pour eux et pour nous, la grâce du pardon. A la Consécration, unis à Marie, supplions avec Jésus : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Et prions de la même manière pour notre société, qui, puisqu’elle renie le Christ, risque malheureusement d’être bien proche de ce que nous commémorons ce jour. Il y a aujourd’hui chez nous beaucoup de nouveaux déportés, tous ceux qui ne correspondent pas aux critères de production et de consommation : les personnes handicapées, les personnes âgées, les souffrants, les bébés dont on ne veut pas, comment ne pas penser ici au petit garçon Alfie Evans, euthanasié à Liverpool le 28 avril dernier contre l’avis de ses parents, et malgré l’interventions du Pape François et de l’Etat Italien.

La Résistance n’est pas terminée.

Je vous propose de faire nôtre une supplique écrite par le Bienheureux Karl Leisner, ordonné prêtre en 1944, au Camp de concentration de Dachau, là-même où mourut l’Abbé Paul Simon, curé de Saint Anne d’Hendaye ;

Fermez les yeux, écoutons-le :

  • « Ô toi, pauvre Europe,

Retourne à ton Seigneur Jésus-Christ.

C’est là que se trouve la source des plus belles valeurs que tu déploies.

Retourne aux sources fraîches de la vraie force divine !

Seigneur, permets qu’en cela je sois un peu ton instrument.

Oh, je t’en supplie !
Amen

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