21ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE C
Comme le soufflet d’un accordéon qui s’élargit quand on le remplit d’air puis qui se rétrécit quand on le referme… les lectures de ce dimanche parlent aussi d’ouverture et de fermeture :
= « Je viens rassembler toutes les nations, de toute langue » : livre d’Isaïe : c’est l’ouverture du souffle de Dieu et de son Amour
= « Entrez par la porte étroite puis le maître de maison aura fermé la porte » : évangile de Luc : c’est l’enseignement exigent du Christ.
Mes amis nous qui ne savons que si peu de choses sur Dieu, nous qui l’imaginons selon nos vues et nos rêves, nous devons sans cesse rester en recherche.
Alors c’est la Bible, la Parole de Dieu qui nous pousse à cette aventure de la foi : elle nous met en marche, en démarche de croire.
Ainsi le Seigneur nous rappelle aujourd’hui que nous devons entrer par la porte étroite… cette porte qu’on ne voit pas facilement, cette porte où il faut se torde, s’aplatir, se baisser pour la franchir, cette porte qui ne laisse pas paraître ce qu’il y a de l’autre côté… Finalement, cette porte qui est quelqu’un, le Christ : « je suis la porte, avait-il dit en parlant de lui comme d’un Bon berger, celui qui entre en passant par moi sera sauvé. »
Nous voyons bien que la vie du Christ n’a jamais été confort, orgueil, encombrement ni habitude… mais toujours service, humilité, don de lui-même et inattendu. Et le symbole de cela, le sacrement de la vie du Christ c’est son sacrifice scandaleux sur la croix. Nous ne devrions jamais nous y habituer…
Et là, dans le Christ sur la croix, nous retrouvons l’ouverture et la fermeture, l’universalité et le tragique d’un homme : Jésus est mort sur la croix par amour pour toute l’humanité, pour les hommes et les femmes de tous les temps, de tous les lieux… en même temps, cela est passé par la porte étroite de la mort de cet homme : le bois de celui qui est la porte de l’amour est devenu le bois de la croix qui a stoppé cet élan d’amour…
puis il ressuscitera, vainqueur de la mort, nous ouvrant à tous les portes de la vie éternelle si nous passons par la porte étroite et exigeante de l’évangile, un évangile qui nous invite à être petits devant nos frères ! Comme lui, comme Jésus…
Je crois qu’une telle réflexion en ce dimanche nous oriente aussi vers l’actualité de notre monde : tant de personnes vivent le mystère de la porte étroite quand tout se ferme devant eux… quand arrivent les expulsions de toutes sortes, les routes de l’exil pour les réfugiés… quand la vie est une aventure chaque jour plus périlleuse et sans lendemain.
Nos élus au niveau national et local ont une lourde tâche pour trouver la bonne attitude entre justement ouverture et fermeture, entre humanité et fermeté.
Nous devons prier pour les uns et pour les autres, pour les populations en quête de dignité et pour les décideurs nationaux et aussi européens.
De son côté le pape François ne cesse de le répéter, et encore mardi dernier devant de nombreux jeunes d’Europe et des pays méditerranéens réunis pour établir une Charte pour que la Méditerranée ne soit plus une mer de mort.
Il leur disait : « Les nombreux migrants arrivant sur les côtes européennes sont une occasion de dialogue entre les cultures et les religions »
Il a invité à considérer « la présence des nombreux frères et sœurs migrants comme une occasion de croissance humaine, et de témoignage de l’Evangile de la charité ».
Oui, elle est ajustée et nous compresse, nous blesse-même la porte étroite de l’Amour universel, la porte étroite de l’accueil, la porte étroite d’une foi qui nous pousse à incarner l’évangile, la porte étroite du Christ en croix qui préfère s’oublier lui, pour que les autres soient sauvés et grandissent.
En ces derniers jours avant la rentrée, réveillons notre foi ; laissons-nous corriger par le Seigneur comme le dit la lettre aux Hébreux (deuxième lecture) : on y compare le Seigneur à un père qui donne une bonne leçon à son fils, à nous…
« Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur. Ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il accueille comme des fils. Quand on s’est repris grâce à la leçon celle-ci produit un fruit de paix et de justice. C’est pourquoi, redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent… »
Loin de nous culpabiliser et nous anéantir par son évangile, le Seigneur veut lui-même nous aider à être des chrétiens plus vrais, toujours plus vigoureux et amoureux de sa Bonne Nouvelle.
Sachons nous abandonner entre ses bras et nous laisser nourrir au lait de son Evangile.
AMEN.
