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Homélie du Jeudi Saint par le diacre Vincent-Marie VAYNE
Homélie du Jeudi Saint par le diacre Vincent-Marie VAYNE
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 1080 mots

Homélie du Jeudi Saint par le diacre Vincent-Marie VAYNE

Chers amis,

 

Ce soir, nous entrons dans les trois jours qui sont le Cœur de la Vie de l’Eglise, le cœur de la vie de tous les chrétiens. Le Jeudi Saint nous introduit, par la célébration de la Cène du Seigneur, dans le Mystère pour lequel Dieu lui-même est venu sur notre Terre. Nous fêtons deux évènements principaux, l’institution de la Messe, du Sacrement de l’Eucharistie, et l’institution du Sacerdoce, sacrement de l’Ordre. Aujourd’hui est la fête des prêtres, et donc, avec eux, de tous les baptisés pour lesquels ils ont donné leur vie en s’offrant à Dieu.

 

 « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1).

Ces paroles par lesquelles commence ce soir l’Evangile, nous rappellent que Jésus est venu pour passer de ce monde à son Père. C’est cela le sens du mot Pâque : le passage. Le Seigneur est venu pour ouvrir un passage, pour inaugurer un passage entre le Monde et le Cœur de Dieu. Pour ouvrir ce passage, cette Pâque, il était nécessaire que le Sauveur aima jusqu’au bout les siens qui étaient dans le monde. Les siens, c’est-à-dire le genre humain ; et comment nous aima-t-Il ? En donnant sa Vie pour nous, demain, Vendredi Saint.

Demain ? Ou plutôt, ce soir déjà.

 Le Catéchisme nous dit en effet que « le passage de Jésus par sa mort et sa résurrection est anticipé dans la Cène et célébré dans l’Eucharistie » (CEC 1340).

Le passage, c’est donc la Messe.

A chaque Messe, nous assistons à ce sacrifice de Jésus, rendu possible et actuel grâce à la présence du prêtre et aux paroles de la Consécration, rapportées ce soir par Saint Paul et que Jésus lui-même prononcera tout à l’heure par la bouche de ses prêtres.

La Messe est le centre de Notre vie, le lieu par lequel la Vie de Dieu entre, passe, dans le monde et où le monde entre, passe, dans le Cœur de Dieu. « L’Eucharistie, dit en effet le Concile Vatican II, est source et sommet de toute la vie chrétienne » (Lumen Gentium, 11).

Le Fils de Dieu n’est pas venu sur la Terre pour autre chose que pour célébrer la Messe :

  • « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir » (Lc 22, 15).
  • « c'est pour cela que je suis venu jusqu'à cette heure » (Jn 12,27)
  • « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je brule qu’il soit déjà allumé » (Lc 12, 49).

 

A chaque fois que le prêtre monte à l’autel pour célébrer la Messe, le Cœur de Jésus bat de ce même grand désir d’apporter ce feu de Son Amour, d’ouvrir la Porte de Son Cœur pour nous donner de passer vers le Père par Lui, avec Lui et en Lui. Grand désir qui a fait que le Père et l’Esprit Saint nous l’envoyèrent il y a 2000 ans. La célébration de chaque Eucharistie est intemporelle, c’est toujours le même évènement « ramené » au milieu de nous : "Toutes les fois que le sacrifice de la croix par lequel le Christ notre pâque a été immolé se célèbre sur l'autel, l'oeuvre de notre rédemption s'opère" (Lumen Gentium, 3), dit encore le Concile.

 

Mais quel est donc le lien entre ce Mystère Pascal de la Mort et de la Résurrection de Jésus, et le lavement des pieds dont nous parle saint Jean et auquel nous assisterons tout à l’heure ?

 

Jésus n’est pas venu dans le but de léguer à son Eglise de simples rites à accomplir, aussi beau fussent-ils, mais pour nous léguer un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13, 34), entendu il y a quelques instants dans l’antienne de l’Evangile. Tout le reste est le moyen d’y parvenir, l’unique et nécessaire moyen. Voici quel est le lien entre la Messe et le lavement des pieds.

« Jésus dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture » (Jn, 13, 4). Cette tenue du Seigneur habillé en esclave, ne nous rappelle-t-elle pas la tenue qu’il portera demain lorsque dévêtu et ceint d’un linge, il pendra sur la Croix ? Des Pères de l’Eglise ont effectué ce rapprochement entre la Cène et la Croix (St Thomas d’Aquin, Catena Aurea). Le don de Sa Vie sur la Croix, auquel Il nous demande de participer en mémoire de Lui ( 1 Co 11), est le même don de soi qu’Il fait en servant ses disciples, lavant les pieds, à genoux, « afin que nous fassions nous aussi comme Il a fait pour nous » (Jn 13, 15).

 

Le Seigneur Jésus ne nous demande pas avant tout d’être bons, d’être forts ou d’être courageux, mais d’être tout petits. Il nous enseigne l’unique Vérité : Dieu est Humilité. Dieu aime car Il est humble. Le lien entre la Messe et le service des frères est évident maintenant. Dieu qui se met à genoux devant ses créatures, et même devant ses persécuteurs - devant Judas - nous enseigne à pardonner (et même par anticipation), à servir sans condition. Pour cela, nous avons besoin de nous nourrir d’humilité, nous qui sommes plein d’un orgueil tel qu’en servant nous nous servons bien souvent nous-mêmes, et que Dieu aime pourtant infiniment.

Nous nourrir d’humilité, c’est recevoir le pardon de Dieu, par la confession sacramentelle. C’est là ce que Saint Augustin comprenait du lavement des pieds.

Nous nourrir d’humilité, c’est vivre la Messe au rythme des battements du Cœur de Jésus, et c’est le recevoir avec foi, Lui, l’Infini qui s’abaisse jusqu’à se faire nourriture, prenant l’apparence d’un petit pain et d’un peu de vin.

Le lien entre le Mystère de l’Eucharistie et le lavement des pieds, entre la vie sacramentelle et le service du prochain exprime que l’un sans l’autre ne vaut pas grand-chose. Mère Teresa de Calcutta, héros de Charité et d’Humilité, le disait ainsi : « La messe est la nourriture spirituelle qui me soutient et sans laquelle je ne pourrais pas vivre un seul jour ou une seule heure de ma vie ».

 

Par l’Intercession de Sainte Marie, que nous recevrons demain pour Mère, supplions ensemble le Seigneur, maintenant, et lorsque nous l’accompagnerons au jardin des oliviers : qu’Il fasse de nous des humbles, des tout petits, amoureux de la Messe et apôtres de la Charité, pour passer avec Lui vers le Père.

 

Amen.

 

 

 

 

 

"Prenez et mangez-en tous..."
"Prenez et mangez-en tous..." © ND de la Bidassoa
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