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Homélie du jour de Noël
Homélie du jour de Noël
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 1355 mots

Homélie du jour de Noël

A première vue, concernant l’Evangile à peine proclamé, une question paraît légitime :  

" Quel est le rapport de ce texte avec Noël ?" 

 

En effet, pas d’enfant nouveau-né, pas de bergers, pas non plus d’anges qui chantent dans les campagnes, pas même d’étable, aucune référence à Marie, ni à Joseph d’ailleurs, pas d’étoile, pas de brebis, pas de Bethleem. Le Nom de Jésus est à peine mentionné.  

 

Et pourtant, rien ne concerne plus Noël que ces premières lignes, ce Prologue de l’Evangile selon saint Jean. 

Jean, Père des théologiens, amoureux de Marie et maître dans l’art de contempler le Cœur de Jésus, nous livre ici le plus précieux passage de l’Ecriture pour nous aider à réaliser un peu qui est ce Nouveau-né que les anges chantaient cette nuit. 

En plus d’être, selon de nombreux spécialistes, une des plus belles pages de la littérature, le Prologue de Saint Jean est un texte si important pour notre foi que, pendant de nombreux siècles, à la fin de chaque Messe, depuis l’autel, le prêtre le récitait, cet Evangile, à voix haute aux fidèles. Et c’est ainsi que, des milliers de fois par vie, ces vers ont bercés quotidiennement la foi de l’Eglise. Et aujourd’hui encore, la prière de l’Angelus en rappelle l’essentiel, 3 fois par jour. « Et le Verbe s’est fait chair » 

Pourquoi cela ? 

Pourquoi si important ce Prologue, apparemment si compliqué. Pour la bonne raison qu’il nous décline l’origine et l'identité éternelles de la Personne de Jésus. Et les voici : Ce Jésus né à Bethléem, est le Verbe de Dieu, Il est depuis toujours. Verbe qui s’est fait chair cette nuit et habite parmi nous aujourd’hui.  

 

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu ».  

Mais qu’est-ce que le Verbe ? 

Verbe est la traduction du grec Logos, terme utilisé par les philosophes depuis le VI° siècle avant notre ère. Ce mot veut dire à la fois parole et science, ou sagesse. Il signifiait pour ces philosophes « la loi d’harmonie qui est à l’origine de tout, l'Intelligence qui ordonne et explique toutes choses ». Si Saint Jean l’utilise pour dire Jésus, c’est qu’Il veut nous dire que le Bébé de la Crèche est la Loi d’harmonie qui est à l’origine de tout et qui équilibre tout : « par Lui tout a été fait », que ce Bébé est le principe qui ordonne et explique tout. Tout de nous, tout de la vie, tout de la Création. TOUT. Il est la seule clef pour ouvrir toutes nos portes et équilibrer nos vies. 

Il ne faut pas chercher à comprendre ce qui est dit dans le Prologue, il faut chercher à se laisser prendre par le Mystère qu’il révèle, c’est ce Mystère qui nous comprend car nous venons de Lui, puisque « c’est par lui que tout est venu à l’existence ». Ce matin de Noël, saint Jean nous invite à contempler ce Mystère, tout bellement. Ce Mystère, le voici : cet enfant de la crèche, emmailloté de langes et couché dans une mangeoire, cet enfant, est la cause de mon existence, c’est par lui que j’ai été fait puisque « rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui ». Ce texte explique pourquoi tant de philosophes et autres scientifiques sont tombés à genoux devant ce petit d’homme, ce Logos Incarné, qui est Dieu. 

 

Je vous invite à tenter une petite expérience cette semaine : venez passer quelques instants devant la crèche, regardez l’Enfant, et dites-vous en vous-même : « c’est par Lui que j’ai été créé, que j’existe et que je vis, il est la clef de ce que je suis, l’unique mode d’emploi de ma vie car l’unique penseur de mon être ». Puis, tournez-vous vers le tabernacle et réalisez qu’Il est là, « vivant et lumineux». 

Vivant et Lumineux car nous l’avons entendu dans l’Evangile : « En Lui était la Vie, et la Vie était la lumière des hommes ». 

 

Je voudrais maintenant souligner une chose en particulier : ce qui regarde la Gloire de Dieu et la Grâce. Ce sont deux termes que nous entendons souvent, à répétition, que nous prononçons dans nos prières, communes et privées: "Gloire à Dieu", "Gloire au Père, etc.", demander des grâces, recevoir une grâce, etc. Mais comprenons-nous vraiment ce que nous disons, demandons, attendons ? 

 La liturgie de ce jour nous enseigne sur ces deux réalités essentielles de nos vies. 

La lettre aux hébreux, en premier lieu, nous dit que Jésus est « le Rayonnement de la Gloire de Dieu ». Saint Jean, à son tour, proclame : « Nous avons vu sa Gloire, gloire qu’il tient de Son Père comme fils unique, plein de grâce et de vérité ».  

Commençons par la Gloire. 

La définition la plus convaincante de la gloire, je l’ai trouvé chez l’écrivain Albert Camus. Il n’est pas un Père de l’Eglise, mais il est un amoureux de la Vie. Un jour, face à la Méditerranée et au soleil d’Algérie, il écrivit : « je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure» (dans son livre Noces à Tipasa). Cette définition convient à merveille pour approcher le Mystère de la Gloire de Dieu. Ce que nous avons vu cette nuit, ce que nous voyons ce matin dans cet Enfant nouveau-né, c’est qu’Il témoigne du pouvoir que Dieu a le droit d’aimer sans mesure, et lui seul a ce droit, car Lui seul sait aimer.  

L'unique vérité annoncée par le Verbe incarné est la suivante : « Je vous aime sans mesure nous dit-il, car le Père Eternel dont je suis le rayonnement, vous aime sans mesure !!! » Dites-vous aussi cela quand vous irez le voir cette semaine dans la Crèche : « Il m’aime sans mesure, sans limite, plus que tout ». 

Il est aussi dit que ceux qui accueillent Jésus reçoivent le pouvoir de devenir enfant de Dieu. Ce pouvoir, il nous est donné par le baptême, tout simplement. C’est le pouvoir de partager avec Dieu sa Gloire, c’est-à-dire cette capacité d’aimer sans mesure. Voilà pourquoi l'Eglise brûle avec Jésus de baptiser tous les hommes. 

Voyons, à présent, pour la Grâce: 

Saint Jean constate que cette Gloire que tient le Verbe de son Père, rend cet enfant, "plein de grâce et de vérité". Et que nous recevons de lui "grâce après grâce". Qu’est-ce que c’est la grâce ? La Grâce, du grec karis, veut dire la joie, ce qui réjouit. Jésus plein de grâce est donc source de notre joie, Il est la joie. Partager la gloire de Dieu nous rendra donc plein de grâce, plein de joie. Autrement dit :  

« aimer avec Dieu nous rendra heureux ».

 

Pour conclure, enfin. Cette formule, « plein de grâce », ne vous rappelle-t-elle rien ? Souvenez-vous : « l’ange entra chez elle et dit : « je te salue pleine de grâce ».  

Le plus beau texte jamais écrit de main d’homme ne pouvait pas nous conduire vers une autre créature que vers la Fleur de l'Humanité, vers Celle qui est le Premier Amour de Dieu. En se donnant à nous à Noël, le Verbe s’incarne par Marie. De cette manière, Il fait d’Elle l’intendante de Lui-même. Marie Notre Mère est l’intendante de la Joie, Elle en dispose à volonté et la verse dans les cœurs de ceux qui la lui demandent comme des enfants qui espèrent avec foi. 

Alors, lorsque vous viendrez ici cette semaine pour visiter la Sainte Famille à la crèche, commencez par Marie et demandez-lui de vous donner sa joie, de vous donner Jésus. Commençons aujourd'hui, pendant cette Messe, si vous le voulez bien. Au moment de la Communion, demandons à Marie la joie. Demandons-la déjà dès maintenant, pour nous entraîner. Répétez après moi, dans vos cœurs : "Marie, donne-moi la Joie...". "Marie, donne-moi Jésus...". 

Une fois dehors, de cette Joie soyons le canal. N’ayons pas peur de nous fatiguer en aimant, essayons de ne pas laisser passer une seule occasion de sourire, de pardonner, de consoler, de servir. Et si nous échouons, et bien essayons encore, encourageons-nous les uns les autres et soyons ainsi un Noël incarné. 

 

Amen et Joyeux Noël. 

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. © ND de la Bidassoa
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