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Dans la foi
MÉDITATION DU DIMANCHE DE LA CINQUIÈME SEMAINE DE PÂQUES
MÉDITATION DU DIMANCHE DE LA CINQUIÈME SEMAINE DE PÂQUES

| Jean-Marc Lavigne 1320 mots

MÉDITATION DU DIMANCHE DE LA CINQUIÈME SEMAINE DE PÂQUES

"... Mais rappelons-nous qu’au vendredi saint, le rideau du Temple s’est déchiré. Dieu ne réside plus dans le Temple. ..."

ÉVANGILE DU JOUR - (Jn 14, 1-12)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : ‘Je pars vous préparer une place’ ?

Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »

Thomas lui dit :

« Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »

Jésus lui répond :

« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »

Philippe lui dit :

« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »

Vitraux du chœur Eglise Saint André de Mairieux
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Vitraux du chœur Eglise Saint André de Mairieux

Jésus lui répond :

« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi !

Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.

Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.

Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père »

COMMENTAIRE

« Vous croyez en Dieu. Croyez aussi en moi ! »
En quel Dieu croyons-nous ? Depuis le début de la pandémie, notre foi est bousculée. Nous entendons des réactions très diverses, en Église comme ailleurs. Nous sommes bousculés par des décisions sur lesquelles nous n’avons pas prise, et qui bouleversent notre vie de foi.

            Demain, lundi 11 mai, le déconfinement commencera pour nous, mais pas encore pour la vie communautaire dans nos paroisses et nos églises. Beaucoup en sont meurtris. Et pourtant ? Regardons la vie des Premiers Chrétiens (1ère lecture) : la prière et le service de la Parole, à laquelle ils désirent très vite associer le service des tables, les veuves, les pauvres, le ministère diaconal. Y-a-t-il une de ces pratiques qui nous soient aujourd’hui interdites ? Prier, lire la Parole de Dieu, pratiquer la charité ? Non !

Bien sûr, nous souffrons du fait que nos communautés ne peuvent pas se rassembler pour faire eucharistie, pour vivre la fraction du pain. Le Corps du Christ semble dispersé. En même temps, nous en découvrons davantage la valeur et le goût, nous apprenons la communion avec tant de frères et sœurs chrétiens persécutés, 260 millions dans le monde ! En Chine, les mineurs n’ont pas le droit d’aller à la messe et d’être catéchisés. Depuis le début de la pandémie, confinés en famille, ils peuvent prier avec leurs parents… Dieu se sert de tout : « Tout concourt au bien de celui qui aime Dieu. » (Rm 8, 28)

            Il est vrai que j’écris cela, et en même temps, j’ai la chance moi-même de vivre l’eucharistie tous les jours : « j’ai la messe portative ! » Je suppose que ceux qui se plaignent ces temps-ci de ne pas avoir la messe ont invité dimanche dernier leurs fils à se poser cette question : « Et toi, accepterais-tu de répondre à un appel du Seigneur, pour donner le pain de vie, pour devenir prêtre ! » Pour beaucoup de Chrétiens, les Vocations, c’est comme l’autoroute, c’est super dans la mesure où ça passe chez le voisin…


La loi ne nous empêche pas d’être inventif… Depuis 15 jours, je porte la communion à domicile, expériences fortes, beaux moments de partage. Je suis émerveillé de ces pierres vivantes qui construisent cette demeure spirituelle dont nous parle Pierre (2ème lecture). J’ai proposé le sacrement de la réconciliation, et notamment des jeunes l’ont vécu. J’ai célébré l’eucharistie dans des familles ou chez des voisins réunis (dans le jardin, attentifs aux précautions requises). Un prêtre, c’est le contraire d’une pile Wonder, il s’use que si l’on ne s’en sert pas ! Devant les difficultés, chrétiens, nous n'avons pas à aliéner notre liberté. Croire, c'est risquer, se risquer... Comme l'écrivait Péguy : "Croire, ce n'est pas répondre à des évidences, mais consentir à se laisser interroger sur ce qui donne sens à la vie, dans cette communion où Dieu se risque pour et avec l'homme." Notre Pape François ne cache pas que "croire, c'est vivre bouleversé par un amour mettant nos vies en pagaille."

Vraiment, nous vivons un moment opportun (‘‘crisis’’) pour purifier notre foi, pour redonner sa place au vrai Dieu dans notre vie. Combien de fausses images nous pouvons véhiculer ! Je pense à ceux qui ont parlé de punition de Dieu, à ceux qui pensaient que la foi allait les préserver ! Un pasteur évangélique de Virginie (U.S.) a continué de prêcher dans des églises combles… et il est décédé du CoVid. « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu », répond Jésus au Tentateur ! (Luc 4, 12).

Un paroissien, et je comprends sa souffrance, me dit qu’il ne peut croire en Dieu alors qu’il vient de perdre un de ses fils. Le Dieu auquel nous croyons n’est pas un Dieu tout puissant à la manière des hommes, il ne tire pas les ficelles, il accepte d’être perdant et de mourir sur une croix. Comme disait Claudel, « Jésus n’est pas venu expliquer la souffrance ou même la justifier. » Il la remplit de sa présence. Il la passe avec nous. Et il la dépasse !

En camp de concentration à Auschwitz, Etty HILLESUM fait cette expérience de Dieu : « Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider - et, ce faisant, nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous. » (12 juillet 1942),

Dieu faible, nu sur la croix ! Dieu à genoux, devant l’homme. Dieu sans défense, devant cet homme debout qui peut exercer sa compassion envers son frère humain blessé... Ces jours-ci, une amie, méditant sur les brebis, m’écrit : « Le propre de la brebis, c’est de porter l’agneau. » Belle parole de femme qui a porté la vie, de croyante qui sait que l’Agneau a besoin de nous, et ses apôtres l’ont abandonné… Oui, Dieu compte sur nous, pour ne pas mourir du CoVid, pour que l’Église ne se laisse pas emporter par ce virus, comme elle a été entraînée si bas par la perversité de nombre de ses pasteurs…

Cette amie me cite cette parole de Maurice ZUNDEL : "A quoi sert-il que Jésus Christ soit né à Bethléem s’Il ne naît pas au-dedans de nous-mêmes… Il est venu à Bethléem pour établir sa demeure au plus intime de nous-mêmes, afin que chacun de nous devienne le sanctuaire du Dieu Vivant. Le vrai lieu de la naissance de Jésus, c’est notre cœur, et le seul moyen de rencontrer Dieu, c’est de nous recueillir jusqu’à ce que nous atteignions, dans le silence le plus profond, jusqu’au plus intime de nous-mêmes. C’est cela l’immense découverte : Dieu et l’homme constituent une seule et même vie, Dieu et l’homme sont inséparables. Il est impossible de trouver l’homme sans découvrir Dieu, et réciproquement."

Bien sûr, dans quelques semaines, nous serons heureux de proclamer notre foi ensemble, de rassembler le corps du Christ. Mais rappelons-nous qu’au vendredi saint, le rideau du Temple s’est déchiré. Dieu ne réside plus dans le Temple. Nous sommes le temple où Dieu demeure, notre cœur est son tabernacle. « Jésus frappe à la porte de nos églises pour sortir », nous dit le pape François. Réjouissons-nous de ce qui nous est donné de vivre… Allons le rencontrer dans le silence de notre confinement ! Allons le retrouver en plein monde, là où il nous attend, puisqu’il est notre Chemin !

Père de SOOS 6 Diocèse de Carcassonne 

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