" des liens de plus en plus étroits se sont tissés entre la Côte Basque
et la place forte appelée la « Hong Kong »
ou la « Macao » du nord..."
Quasiment tout au long de la première moitié du 18ème siècle, le port forteresse de Louisbourg, sur l’Ile de Capbreton, est tout à la fois un point d’appui pour les marins basques, normands et bretons et la promesse d’une vie meilleure pour certains habitants de la Côte Basque.
C’est un havre pour les voiliers venant pratiquer dans ces mers lointaines la pêche à la morue ou recherchant un peu de repos avant de se diriger vers les Caraïbes. Son développement commercial attire de nombreuses professions voire les familles des marins. Autant dire, qu’au fil des ans, des liens de plus en plus étroits se sont tissés entre la Côte Basque et la place forte appelée la « Hong Kong » ou la « Macao » du nord, à tel point que l’économie de l’une est étroitement liée à la nationalité française de l’autre à tout instant menacée par les anglais.
Le sort de Hendaye est également lié à Louisbourg. Des familles expatriées comme les Daccarrettes, « industriels » dans les sécheries de morue ou les Detcheverry négociants de navires ont une influence économique considérable sur la vie de la forteresse, tant par leurs activités que par les alliances conclues.
Des familles hendayaises y voient l’espoir d’une vie meilleure soit par l’exil prochain, soit grâce aux « bonnes prises » réalisées par les fils embarqués sur des navires corsaires opérant depuis Louisbourg (vœux explicitement exprimés par les familles de Arunde et de Biscarrondo dans les lettres transportées à Louisbourg par le Dauphin en 1757).
Malheureusement, la réussite dérange. Boston la puritaine voit d’un mauvais œil, le développement de cette concurrente dévergondée. Elle fait semblant d’ignorer les liens de contrebande tissés avec elle (la moitié des navires achetés proviennent de la Nouvelle-Angleterre, l’approvisionnement alimentaire vient en grande partie de l’ancienne Acadie française). Une armée est réunie. Grâce à la rencontre avec l’escadre du Commodore anglais Warren, elle peut amener la place forte à capituler le 17 juin 1745.
Trois ans plus tard, Louisbourg en retrouvant la souveraineté française par le traité d’Aix-la-Chapelle, reprend sa marche en avant, brusquement arrêtée le 26 juillet 1758 avec une capitulation, lors d’un nouvel assaut britannique, suivie de la déportation de la population et de sa destruction. L’économie de la Côte Basque en est durement affectée.
Trois siècles plus tard, de passage à Boston, aujourd’hui francophile et phare intellectuel mondialement reconnu, il est tentant de rechercher les traces des relations avec cette forteresse. Or, malgré les nombreuses références à l’histoire, l’imagination dans leurs présentations, le rôle de la cité dans l’indépendance des USA semble avoir effacer la période qui nous intéresse aujourd’hui.
Seulement un square privatif de surcroit enserré dans le quartier le plus bourgeois de la ville, Beacon Hill, est dédié à la première prise de la forteresse. Un écriteau donne une vague explication et suggère une prononciation anglophone aujourd’hui abandonnée. Il a fallu s’en contenter, avec il est vrai une pensée particulière en apercevant Louisbourg depuis 10 000 mètres d’altitude, en longeant, lors du vol de retour, la Nouvelle Ecosse.
Mais que pensaient ses jeunes hommes partis quelques mois plus tôt de Pasajes, la Baie du Figuier, Saint-Jean-de-Luz ou Bayonne, en apercevant la passe et au-delà la porte Dauphine ? Rêves d’aventures, de gloire, de pêche miraculeuse ou de gains bénéfiques pour la famille…
Hendaye le 29 juillet 2017
Jacques Eguimendya
AGORA-Txingudi