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Dans la foi
Ces ouvriers qui se sont mis à l’unisson du pape François pour rejoindre les milieux populaires.
Ces ouvriers qui se sont mis à l’unisson du pape François pour rejoindre les milieux populaires.
© Hugues-Olivier Dumez

| JPaul 1065 mots

Ces ouvriers qui se sont mis à l’unisson du pape François pour rejoindre les milieux populaires.

Stéphane Haar le reconnaît avec franchise : adolescent, il était viscéralement anticlérical. Ce trentenaire originaire d’Uckange­, ville frontalière de Florange marquée par l’industrie sidérurgique, rejoint pourtant la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à l’âge de 14 ans, plus par esprit de militantisme que pour sa dimension chrétienne. « Il n’y avait rien d’autre à faire dans le quartier en dehors des parties de foot entre potes », explique le jeune homme, qui a grandi dans un milieu modeste, entre un père cheminot et une mère formatrice auprès de personnes en recherche d’emploi. « C’était un apprentissage de la citoyenneté ! Nous allions voir le maire avec des projets pour améliorer la vie quotidienne. » À l’époque, il se garde bien de participer à quelque célébration religieuse que ce soit. Le déclic a lieu à 18 ans. « J’ai pu observer l’impact positif de la JOC sur des jeunes en déshérence, se souvient-il. J’ai commencé à pratiquer ma foi. Jusque-là, j’étais convaincu que seules les méthodes de pédagogie du mouvement étaient responsables de ces bienfaits… » Sa foi l’a conduit à s’engager dans sa paroisse, mais surtout à l’Action catholique ouvrière, qui se retrouvait samedi 24 et dimanche 25 mai à Lourdes pour la rencontre nationale de la Mission ouvrière. Plus d’un millier de personnes y participaient, dont de nombreux jeunes comme Stéphane.

Les ouvriers catholiques, eux aussi en première ligne dans l’évangélisation

Action catholique ouvrière, Jeunesse ouvrière chrétienne… Près d’un millier de personnes se sont retrouvées à Lourdes, lors du week-end de Pentecôte, pour la rencontre nationale de la Mission ouvrière.

Portraits de ces ouvriers qui se sont mis à l’unisson du pape François pour rejoindre les milieux populaires.

Stéphane Haar le reconnaît avec franchise : adolescent, il était viscéralement anticlérical. Ce trentenaire originaire d’Uckange­, ville frontalière de Florange marquée par l’industrie sidérurgique, rejoint pourtant la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à l’âge de 14 ans, plus par esprit de militantisme que pour sa dimension chrétienne. « Il n’y avait rien d’autre à faire dans le quartier en dehors des parties de foot entre potes », explique le jeune homme, qui a grandi dans un milieu modeste, entre un père cheminot et une mère formatrice auprès de personnes en recherche d’emploi. « C’était un apprentissage de la citoyenneté ! Nous allions voir le maire avec des projets pour améliorer la vie quotidienne. » À l’époque, il se garde bien de participer à quelque célébration religieuse que ce soit. Le déclic a lieu à 18 ans. « J’ai pu observer l’impact positif de la JOC sur des jeunes en déshérence, se souvient-il. J’ai commencé à pratiquer ma foi. Jusque-là, j’étais convaincu que seules les méthodes de pédagogie du mouvement étaient responsables de ces bienfaits… » Sa foi l’a conduit à s’engager dans sa paroisse, mais surtout à l’Action catholique ouvrière, qui se retrouvait samedi 24 et dimanche 25 mai à Lourdes pour la rencontre nationale de la Mission ouvrière. Plus d’un millier de personnes y participaient, dont de nombreux jeunes comme Stéphane.


« Le monde ouvrier existe encore »

« Le monde ouvrier existe encore, assure-t-il. Mais contrairement à l’époque de l’apogée de l’industrialisation, il est aujourd’hui éparpillé au point de devenir invisible. » Lui-même est aujourd’hui ouvrier charpentier dans une petite entreprise du BTP à Roubaix. Il gagne 1 255 € par mois. Il s’est présenté sur la liste du Parti communiste aux dernières élections municipales à Roubaix. Ce qui est loin d’être un paradoxe à ses yeux : « Le Parti communiste ne peut pas ignorer l’impact des religions, en particulier à Roubaix, souligne-t-il. Ils savent bien que la Mission ouvrière est le premier réseau d’associations dans les quartiers populaires. » Elle est surtout, à ses yeux, une chance pour l’Église qui peut s’appuyer sur un mouvement à la pointe dans l’éducation populaire, notion pourtant délaissée dans de nombreux pans de la société. Pour Stéphane, la Mission ouvrière est d’ailleurs en première ligne dans le discours du pape François en matière d’évangélisation : « Nos outils et nos méthodes permettent de rejoindre des personnes éloignées de l’Église. Je connais plusieurs jeunes qui ont demandé le baptême grâce à la JOC ! » « Au front », comme il se positionne, le jeune militant du PC ne nie pas les difficultés. Lui-même est régulièrement confronté à une approche caricaturale de l’Église… « N’ayons pas peur de témoigner ! C’est dans les petits gestes et non dans les grands discours que nous transmettrons la Bonne Nouvelle. »


« Si nous parlons du monde ouvrier avec les mots d’hier, alors nous n’avons rien compris »

Pas de grands discours, mais des gestes qui parlent. À Échirolles (Isère), Céline Rubrecht vit au cœur des milieux populaires, dans un appartement HLM de la banlieue de Grenoble. Cette religieuse de la congrégation des Petites Sœurs de l’ouvrier a même effacé de son curriculum vitae son diplôme d’ingénieur afin d’être recrutée comme secrétaire au sein d’une petite entreprise du BTP. « J’ai eu le désir de rejoindre des personnes qui participent activement à la vie économique mais dont le travail n’est pas suffisamment reconnu et valorisé, témoigne-t-elle. Travailler à leurs côtés me rend crédible pour parler des réalités économiques qu’ils vivent et pour leur signifier l’amour de Dieu. Cela facilite aussi les échanges : bien que très éloignés de l’Église, ils viennent se confier à moi ! » À plusieurs égards, Sœur Céline juge bénéfique cette rencontre nationale de la Mission ouvrière. « Si nous parlons du monde ouvrier avec les mots d’hier, alors nous n’avons rien compris, insiste-t-elle. Les nouvelles technologies conduisent à l’isolement. Chacun devient un nomade du travail. Il faut comprendre cette nouvelle précarité dans le travail. »

Ce témoignage religieux au cœur d’un milieu populaire a déjà porté ses fruits dans le passé. À Lourdes, plusieurs membres de la Mission ouvrière se rappellent le modèle que représenta la présence d’un prêtre-ouvrier dans leur quartier. « Grâce à ce prêtre, j’ai pu découvrir que nous pouvions prendre notre vie en main », confie Lionel Lecerf, 52 ans, ouvrier dans l’industrie automobile en Normandie. Héritier de ce prêtre-ouvrier, il est aujourd’hui membre de l’Action catholique ouvrière et syndiqué à la CGT. « Cet engagement syndical est aussi lié à mon engagement dans l’Église, car il rejoint les valeurs humanistes et la défense de la dignité humaine. L’homme doit être au cœur des préoccupations. » S’il n’est pas toujours à l’aise avec le message de l’Église catholique sur les questions éthiques, Lionel ne voit pas pour autant de contradiction avec son engagement : « Le pape François ose mouiller sa chemise ! À nous de répondre à sa main tendue. »

Hugues-Olivier Dumez à LOURDES (Hautes-Pyrénées)

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