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La Paroisse
Homélie du soir des Cendres
Homélie du soir des Cendres

| Jean-Marc Lavigne 871 mots

Homélie du soir des Cendres

CENDRES 2023

 

« Revenez à moi de tout votre cœur », dit le Seigneur à travers le livre du prophète Joël.

 

En parlant ainsi, le Seigneur met devant nos yeux une réalité que nous connaissons bien, même si nous préférons ne pas la voir. Oui, nous sommes souvent loin de lui, à distance.

 

Peut-être nous disons-nous : « oh, la distance n’est pas forcément très grande. Dieu est bien notre Dieu. La preuve, nous sommes là aujourd’hui … et être complètement à Dieu, ce n’est pas si simple. Et puis Dieu est si bon qu’il comprend bien cela ».

 

En fait, c’est nous qui ne comprenons pas, qui ne comprenons pas qu’être à distance de Dieu, c’est être aussi à distance de notre propre vie.

Et nous rapprocher de Dieu, c’est bien nous rapprocher de nous-mêmes, et devenir davantage ce à quoi nous sommes appelés : vivants et aimants.

Le risque, subtil, dans notre existence, c’est de s’accommoder de cette distance.

 

Que cela peut-il signifier de : « revenir vers le  Seigneur, se rapprocher de Dieu » ? Il s’agit d’abord de regarder notre vie.

Notre éloignement de Dieu se cache en bien des attitudes, des comportements, des réactions qui concernent, nous le savons bien, tous les secteurs de notre existence. Nous choisissons, consciemment ou non, de nous passer de Dieu pour vivre.

 

 

            Revenir à Dieu suppose alors un exode, une sortie de soi, un changement qui doivent faire revenir au Seigneur, être orientés non plus en fonction de nous-mêmes mais de Dieu.

 

C’est bien ce que nous dit le Seigneur en ce jour qui ouvre le Carême. Ici Jésus démasque le mensonge de bien des comportements, même religieux. Et quand il évoque l’aumône, la prière et le jeûne, c’est bien l’ensemble de notre existence humaine qui est ici récapitulée.

 

L’aumône, c’est-à-dire le partage, recouvre l’ensemble de notre relation aux autres. Relation fondamentale car « Dieu, nous ne le voyons pas » et le prochain est donc pour nous sa révélation, son épiphanie. « Ce que vous faites au plus petit d’entre vos frères, c’est à moi que vous le faites » nous dit le Christ. Regardons notre relation aux autres, proches ou lointains. De qui allons-nous nous rendre proches durant ces semaines ?

 

Le mot « prière » renvoie à notre relation à Dieu. Comment allons-nous donner un goût nouveau, une intimité plus grande à notre relation à Dieu ? Celle-ci, paradoxalement, vient en second dans la bouche de Jésus qui, un peu plus haut dans ce même évangile, rappelle : « Si tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère, et alors tu viendras présenter ton offrande. » 

Pas de prière juste sans le souci du frère. Mais si la prière occupe ici la seconde place, on peut également considérer que c’est bien cette relation à Dieu qui occupe la place centrale puisqu’elle commande à la fois la relation aux autres et la relation à la nature.

 

Par le « jeûne », troisième élément, est envisagée toute notre relation à la nature, aux biens qu’elle procure, à la richesse, à la consommation… Et ce temps qui s’ouvre aujourd’hui est donc l’occasion de regarder nos modes de vie, l’usage de nos biens, notre liberté par rapport à la marchandisation ambiante – nous souvenant du lien que le Pape François, dans l’encyclique Laudato Si, établit entre crise sociale, crise écologique et crise spirituelle.

Vous voyez donc que le chemin vers Pâques demande que nous regardions tous les aspects de notre existence.

Mais que nous regardions notre vie à la lumière de ce qu’a vécu le Christ lui-même, l’attitude juste en toutes choses, lui qui n’a pas voulu utiliser les autres ni son Père pour en tirer des avantages, lui qui a choisi librement de se mettre dans l’attitude du serviteur de la vie, dans l’attitude même de Dieu.

             

Le Carême, ces quarante jours qui représentent toute la vie humaine, ne fait que redire la tâche de notre propre création : nous faire à l’image de Dieu.

Cela passe pour chacun et chacune d’entre nous par une démarche de clarification, pour vérifier ce qui est vrai dans notre vie, et ce qui est faux. Qu’est-ce qui dans nos vies a besoin d’être regardé, ajusté, débarrassé du superflu, réorienté ? 

Il s’agit en effet de nous libérer du désir d’être au centre, peut-être de ce qui nous inquiète et nous accapare pour nous tourner résolument vers Dieu et vers les autres.

 

Puissions-nous en ce début de Carême, repérer et décider ce qui nous aidera davantage, de manière simple et réelle, à nous laisser réconcilier avec Dieu, par de petites et grandes conversions. Et ainsi ne pas marcher à côté de notre vie.

 

Pendant quelques instants de silence, prions dans le secret de notre cour pour que notre démarche de ce soir porte du fruit cette année, et qu’elle nous conduise

à accueillir la miséricorde du Père,

à accompagner le nouveau frère qu’il nous donnera par le baptême Ibahim-David,

à raviver en nous toute la puissance de son amour.

 

Amen.

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