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Un mois, un Saint
Le saint du 31 janvier : Jean BOSCO (1815-1888)
Le saint du 31 janvier : Jean BOSCO (1815-1888)
© ND de la Bidassoa

| LAVIGNE 1114 mots

Le saint du 31 janvier : Jean BOSCO (1815-1888)

L’importance de Don Bosco dans spiritualité et la pastorale du pape

« Le pape Francois continue d’être porteur du charisme de Don Bosco »: dans cet entretien, le p. Jean-Marie Petitclerc, sdb, explique pour les lecteurs de Zenit, l’importance de Don Bosco – dont c’est la fête le 31 janvier – dans spiritualité et la pastorale du pape François.

Le p. Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, polytechnicien, éducateur de terrain, animateur spirituel, conférencier reconnu et auteur de nombreux ouvrages d’éducation est, depuis 2016, vicaire provincial de la province de France et Belgique-sud des salésiens de Don Bosco – qui inclut le Maroc -, et il a fondé le réseau « Don Bosco Action Sociale ».

Le pape François a confié que le message de Don Bosco a été « un message révolutionnaire à une époque où les prêtres vivaient la vie du peuple de manière détachée ». Don Bosco apportait son élan missionnaire dans la « périphérie sociale et existentielle », explique le pape, il apportait « la joie et le soin d’un véritable éducateur à tous les jeunes qu’il arrachait des rues ».

Le pape s’exprime ainsi dans la préface du livre intitulé « Evangelii gaudium avec Don Bosco », préparé par le salésien italien Antonio Carriero et publié par la maison d’édition salésienne Elledeci, en italien, le 15 janvier 2019. Nous avons traduit cette préface ici.

Zenit – Père Jean-Marie Petitclerc, les Salésiens italiens publient, avec une préface du pape François, un livre intitulé « Evangelii Gaudium et Don Bosco »: quelles paroles, quels gestes du pape témoignent de l’influence de Don Bosco, en particulier grâce au p. Enrique Pozzoli?

Père Jean-Marie Petitclerc – Rappelons que le Père Enrique Pozzoli, celui là même qui a baptisé Francois le 25 décembre 1936, était un grand ami de la famille Bergoglio, et que c’est a lui que Francois, alors âgé de 16 ans, a confié son désir de devenir religieux. Rappelons également qu’adolescent, il a fréquenté le collège salésien de Ramos Mejia.

On voit aujourd’hui combien le pape Francois continue d’être porteur du charisme de Don Bosco. J’insisterai sur :

  • Sa manière de rappeler constamment la nécessité d’ « aller vers la périphérie » Il s’agit, a la manière de Don Bosco, de développer auprès des jeunes une pastorale, non pas du « faire venir », mais du « aller vers », en apprenant à les rejoindre là où ils vivent et dans leurs pôles d’intérêt.
  • Sa grande proximité avec les enfants, et en particulier ceux qui sont porteurs de handicap. Il sait, comme Don Bosco, manifester sa tendresse.
  • Sa façon d’associer « sainteté » et  « joie », à la manière de Francois de Sales, l’inspirateur de Don Bosco, qui aimait dire « un saint triste est un triste saint ». Don Bosco a porté son message aux jeunes, en les appelant à devenir saints en étant joyeux. « Sache qu’ici nous faisons consister la sainteté a être toujours joyeux », disait Saint Dominique Savio à un jeune nouvellement arrivé a l’Oratoire que dirigeait Don Bosco.

Zenit – Avec le réseau Scholas occurrentes, le pape François explique l’importance d’une éducation qui prenne en compte ensemble « la main, le coeur et la tête ». En quoi la pédagogie de Don Bosco, pour une éducation complète, est particulièrement d’actualité aujourd’hui?

Père Jean-Marie Petitclerc – La pédagogie de Don Bosco se veut intégrale. Il prend en compte l’enfant et l’adolescent dans toutes ses dimensions : corporelle (il développe dans ses œuvres la pratique du sport et de toutes les activités d’expression), intellectuelle (il accorde une grande attention à la scolarité et à la formation), affective (il accompagne de manière individualisée le jeune dans la construction de son identité affective et sexuelle), spirituelle (il développe l’éducation à l’intériorité, à la prière, et la formation de la conscience). Cette pédagogie est d’abord fondée sur la qualité de la relation éducative. « Sans affection, pas de confiance, et sans confiance, pas d’éducation », aimait-il répéter à ses disciples.

Une telle pédagogie est toujours d’actualité en cette période d’intense mutation sociétale que nous traversons aujourd’hui. Au temps de Don Bosco, on passait d’une société rurale et paysanne à une société urbaine et industrielle ; aujourd’hui nous passons de cette société industrielle à une société qui peut être qualifiée de post-industrielle, marquée par la révolution du numérique. En de telles périodes de mutation, où la confiance s’estompe dans les grandes institutions, Don Bosco était convaincu que la capacité a transmettre, à éduquer était beaucoup plus liée à la qualité de la relation adulte-jeune, plutôt qu’à la qualité organisationnelle du système institutionnel. Il devinait déjà – et je crois que les faits aujourd’hui lui ont donné raison – que l’exercice d’une fonction d’autorité auprès des jeunes serait de moins en moins lié au statut de la personne qui l’exerce, et de plus en plus à la qualité de la relation que cette personne est en capacité de nouer avec le jeune.

Zenit – Vous avez recueilli des témoignages de professeurs de lycée professionnel où la pédagogie de Don Bosco est un rempart à l’échec: quels sont ses principaux ressorts?

Père Jean-Marie Petitclerc – Il est vrai que bon nombre de jeunes qui arrivent en lycée professionnel aujourd’hui ont éprouvé des difficultés dans leur scolarité au collège, qui ont grandement contribué a attaquer leur estime de soi. Les principaux ressorts de la pédagogie de Don bosco, visant à reconstruire cette estime, sont à mes yeux :

  • La bienveillance, l’éducateur, l’enseignant ne réduisant jamais la personne du jeune à ses performances ou ses comportements de l’aujourd’hui, mais étant toujours capable de discerner les points de progression possible.
  • La mémorisation de la réussite, car c’est toujours en mémorisant ses réussites antérieures que l’on est capable d’affronter les difficultés du lendemain.
  • L’attention à chacun, en particulier à celui qui rencontre le plus de difficultés dans son parcours d’adolescent. Elle ne se traduit pas par la prononciation de grands discours, mais par la pratique du petit mot à l’oreille si chère à Don Bosco.

Zenit – La pédagogie de Don Bosco peut contribuer à « prévenir la radicalisation des jeunes », selon le titre d’un autre de vos livres?

Père Jean-Marie Petitclerc – Le processus de radicalisation résulte de la conjugaison de deux phénomènes : l’embrigadement relationnel (le jeune est happé par un petit groupe d’amis, qui le coupe de ses anciennes relations familiales et amicales) et l’endoctrinement idéologique.

Prévenir l’embrigadement relationnel nécessite d’être attentif au réseau de relations du jeune, afin de veiller à ce qu’il ne s’enferme pas dans quelques liens exclusifs , mais qu’il puisse garder le lien avec sa famille et rester ouvert à de nouvelles rencontres. L’éducation à la fraternité, si chère à Don Bosco, constitue le pilier de toute politique de prévention.

Prévenir l’endoctrinement idéologique nécessite le développement chez le jeune de l’esprit critique, afin qu’il ne puisse se laisser embarquer par des idéologies mensongères. Tel devrait être un rôle majeur de l’école, mais reconnaissons qu’aujourd’hui elle a parfois bien du mal à le remplir.

About Anita Bourdin

Père Jean-Marie Petitclerc, salésien
Père Jean-Marie Petitclerc, salésien © ND de la Bidassoa
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