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Dans la foi
Rentrée et bonnes résolutions du chrétien.
Rentrée et bonnes résolutions du chrétien.
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| ND Bidassoa 963 mots

Rentrée et bonnes résolutions du chrétien.

 

Chaque rentrée, de nombreux croyants essayent de relancer leur vie spirituelle.

 

 

Comment s'y prendre ? … Pas de recette miracle,

mais un chemin fait de patience et d'indulgence envers soi-même.


« Car la volonté seule ne peut pas tout, elle doit laisser de la place à Dieu. »

«A la rentrée, c'est décidé, je m'y mets ! » Regonflés par la trêve estivale, beaucoup d'entre nous espèrent, avec la reprise de l'année scolaire, mener à bien petites et grandes résolutions de la vie quotidienne : écraser son ultime mégot, reprendre le sport ou, pourquoi pas, pousser la porte de sa paroisse Car la spiritualité, elle non plus, n'échappe pas aux velléités de rentrée.

« Après le repos des vacances, cette période permet de faire le point : où en suis-je avec ma famille, mon travail, ma paroisse ?

La vie spirituelle, elle aussi, connaît des temps d'arrêt, de reprise, d'hésitation. La rentrée est un bon moment pour se remettre en route », observe Sophie de Villeneuve, rédactrice en chef du site Croire.com.

Ainsi, chaque début d'année, les internautes affluent vers les formations spirituelles en ligne proposées pour « bien redémarrer ».

Sans doute parce que « les vacances ont permis d'ingérer ce qui s'était passé dans l'année, on ressent une vitalité qui ne demande qu'à être déployée, relève le P. Frédéric d'Humières, curé à Plaisir (Yvelines).

D'une certaine manière, pour le croyant, la rentrée participe de la Résurrection. Elle offre une chance de faire du neuf. »

"Mon créneau, c'est de prier dans les transports en commun"

Recevoir chaque jour l'Évangile sur sa boîte mail avant de se laisser happer par les dossiers en cours, prendre une minute pour discuter avec le sans-abri du coin de la rue, ne pas s'endormir sans avoir trouvé sept bonnes raisons de dire merci pour la journée écoulée Les idées et recettes ne manquent pas pour reprendre la main sur sa vie et s'ouvrir à l'essentiel. À chacun de trouver sa formule.

Pour Sabine, 30 ans, cela passe par de toutes petites choses, de brefs instants d'intériorité glissés dans les interstices d'une journée bien remplie :

« Mon créneau, c'est de prier dans les transports en commun. Impeccable pour être sûre de caler un temps de ressourcement quotidien », assure cette orthophoniste de Tours. « Cette année, j'ai aussi choisi de rejoindre un groupe de louange », ajoute-t-elle.

La bonne volonté ne fait pas tout. Cécile, 26 ans, peut en témoigner :

« Une année, j'ai voulu lire le Nouveau Testament. J'ai tenu trois jours ! J'ai réessayé par la suite, sans plus de succès », soupire cette déléguée commerciale de Rodez.

À l'évidence, l'échec guette souvent la plupart des bonnes résolutions. Comme dans les autres domaines de la vie, à trop vouloir en faire spirituellement, on finit par se décourager.

Trois pistes :

Comment, finalement, bien choisir son engagement ? Trois pistes peuvent nous aiguiller, selon le psychanalyste Jacques Arènes, qui évoque une « pédagogie de la résolution » :

  • tenir compte de ses limites et ses fragilités, en excluant les engagements irréalistes,

  • ne pas s'imposer un catalogue d'exigences,

  • et surtout s'aider du regard et du soutien des autres.

« Le désir de changer, note- t-il, c'est toujours quelque chose qu'on fait devant l'autre, la dimension interpersonnelle aide beaucoup. »

Cette alchimie, Xavier, 36 ans, en a fait l'expérience dans l'école d'oraison de sa paroisse. Soucieux de cadrer une vie spirituelle qu'il jugeait « un peu anarchique », il a consacré une soirée hebdomadaire à l'apprentissage de la prière et trouvé dans l'appui du groupe de quoi l'intégrer peu à peu à son quotidien.

« La prière est devenue une respiration vitale, confie-t-il. On trouve toujours du temps. Ce n'est qu'une question de hiérarchie des priorités. »

Tous le reconnaissent : un tel chemin implique patience, douceur et indulgence envers soi-même.

« Il est souvent très difficile de modifier nos habitudes parce qu'elles sont ancrées dans notre subconscient. L'épaisseur historique de la personne fait qu'elle ne change pas comme ça », analyse Jacques Arènes.

« Dans le cas des décisions spirituelles, précise-t-il, il y a aussi tout un jeu entre la volonté propre et le lâcher prise : il s'agit de prendre la décision et en même temps d'accepter de ne pas en être le pilote. Car la volonté seule ne peut pas tout, elle doit laisser de la place à Dieu. »

« Pour seul objectif, une plus grande qualité d'amour »

Pasteur à Lyon, Franck Nespoulet en a fait l'expérience :

« Pendant des années, je m'imposais quantité de résolutions, presque jamais tenues jusqu'au bout.

Aujourd'hui je travaille dans un service d'aumônerie en maison de retraite, j'apprends non pas à m'imposer des choses à faire, mais à être simplement prêt à recevoir.

J'observe que rien ne se passe avec les personnes âgées les jours où j'arrive avec un discours bien ficelé. Mais lorsque je sens comme un vide en moi, c'est là, paradoxalement, et malgré moi, qu'arrivent des moments de grâce. »

Contrairement aux idées reçues, une bonne résolution spirituelle ne se décrète pas à partir des manques ou des échecs des années passées. C'est même, pour le P. d'Humières, la meilleure façon de s'épuiser inutilement :

« Le principal danger, prévient-il, c'est de se les inventer soi-même, en regardant dans sa vie ce qui ne va pas et ce qu'on veut améliorer à la force du poignet.

Or, le critère n'est pas tant de chercher ce qui est facile ou difficile, mais là où Dieu nous appelle. Avec pour seul objectif, une plus grande qualité d'amour.

Toute la vie spirituelle est une question de relation et non de performance. »

Céline HOYEAU et François-Xavier MAIGRE

LaCroix – article en ligne du 19 septembre 2008

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